Том 4. Письма 1820-1849 - Тютчев Федор Иванович - Страница 107
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Я только что получил письмо от вашей сестры, которая находится сейчас в окрестностях Ревеля. Со здоровьем у нее хорошо, а мне без нее плохо. Весь ваш Ф. Т.
Bade-Bade. Jeudi, ce 22 juillet 1847
Ma chatte chérie, hier matin j’étais à regarder le pays par l’embrasure d’une fenêtre immense démolie du vieux château de Bade. Ce château est une admirable ruine qui plane à une hauteur de 1400 p
Je sens que je devrais mettre un peu plus d’ordre chronologique dans ma narration, et je le ferais, si mon exécrable écriture ne me rendait pas toujours si nerveux. Essayons pourtant… De Berlin j’allais par le chemin de fer jusqu’à Weimar… Ah, ne blasphémons pas le chemin de fer. C’est une admirable chose, maintenant surtout que le réseau se noue et se complète de tout côté. Ce qu’il y a de si particulièrement bienfaisant pour moi, c’est qu’il rassure mon imagination contre mon plus terrible ennemi, l’espace, cet odieux espace qui vous noie et vous anéantit, corps et âme, sur les chemins ordinaires.
A Weimar je trouvais Maltitz, seul, établi dans la maison de Goethe. Entre nous soit dit, tout cet épisode de Weimar m’a beaucoup ennuyé. La localité m’a paru abominablement triste, et l’entrevue avec Maltitz n’avait rien qui eût pu l’égayer. Je l’ai retrouvé juste au même point où je l’ai laissé il y a 4 ans. C’est toujours la même chanson. Seulement ce fond d’égoïsme qui fait le véritable fond de l’individu est devenu encore plus aigu, comme les traits d’une figure qui a vieilli. En un mot, sa société ne m’a pas fait du bien et j’aurais beaucoup donné pour pouvoir la troquer, dans le moment donné, contre celle de ton frère. Je passais la nuit à Weimar logé chez Maltitz et repartis le lendemain. Le chemin de fer s’arrête à Eisenach qui est à 24 milles de Francfort. Il fallut se résigner à prendre la diligence — et quelle diligence, bon Dieu, et cela immédiatement après le chemin de fer. — C’était le débit de Tom Have, après celui de Thiers. Exécrable diligence, va! Vingt heures pleines pour faire 24 milles.
Entre Hanau et Francfort notre carabas qui se traînait est croisé par un cabriolet. En y jetant les yeux, j’aperçois une dame, toute en noir, qui en passant à côté de nous porte son lorgnon à l’œil… C’était l’affaire d’un instant, mais cet instant avait suffi pour me faire reconnaître, dont cet inimitable mouvement du lorgnon appliqué — Madame de Cetto — et ce qui complète pour moi la révélation, c’est que le Brochet m’a dit spontanément qu’il était sûr d’avoir reconnu le fidèle Ott dans l’homme assis sur le siège. Ce qui ajoute une vraisemblance suprême à ma conjecture, c’est que le cabriolet se dirigeait vers Hanau où quelques jours auparavant venait de s’ouvrir un nouveau tripot de jeu… Mais, si je n’ai fait que l’entrevoir cette fois, je compte bien, à mon retour à Francfort, aller la chercher, quelque tapis vert des environs, car on m’a dit qu’elle ne quitterait pas le pays avant la fin de la saison. — A Francfort où je suis descendu par méprise à l’hôtel de Russie au lieu du Römischer Kaiser, j’ai eu la satisfaction de retrouver presqu’au complet l’excellente famille Oubril. Surprise, exclamations, accueil cordial, partie de thé arrangée au jardin, mais à laquelle un accès rhumatismal de mal de dents survenu inopinément dans la soirée m’a empêché d’assister. J’ai revu là larmoyante Madame Martchenko, tout récemment revenue de Paris où elle avait passé l’hiver, mais comme son mari est, je crois, absent en ce moment, elle m’a paru moins élégiaque que de coutume. Quant à l’un des deux anges — l’ange Marie est marié, je n’ai pas pu le voir. Il vient d’accoucher il y a 4 semaines. — Je n’ai point trouvé d’autres connaissances à Francfort. Joukoffsky et Gogol pour qui j’avais lettres et paquets étaient partis le jour même de mon arrivée. Ayant appris par Oubril que la Chancelière était encore à Bade, mais qu’elle allait partir le surlendemain pour Wildbad, je me décidai, en dépit de l’exhortation si prévoyante du Chancelier, de la considérer comme non avenue et me confirmai d’autant plus dans la résolution de ne pas passer par Bade que j’avais quelque raison de supposer que j’y trouverai encore Krüdener qui y était venu quelques jours auparavant. Je partis de Francfort à 1
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