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Франция: Общественно-политические реалии - Конобеев Владимир - Страница 9


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30. Président de la République. Il ne doit pas tout faire parce qu'il lui faut incarner la France dans son unité, dans son avenir, dans son mouvement. Veillant à l'essentiel, qu'il s'agisse de le préserver ou de le conquérir, le subalterne n'est pas son fait et il doit être attentif à ne pas capter ce qui relève de la compétence d'autres acteurs.

Il ne doit pas tout faire tout seul, car il est bien des domaines où sa compétence se limite à définir les lignes et à donner l'impulsion. Son efficacité alors se mesure moins à son action personnelle qu'aux relais dont il sait l'entourer, à l'écoute qu'il maintient, à la proximité qu'il conserve avec les Français, lors même que la pente naturelle de la fonction est de l'éloigner d'eux.

Il doit faire, car il n'est pas élu seulement pour être là. Porteur d'une vision, à tout le moins de perspectives, il n'a pas seulement pour fonction de regarder la France évoluer, le gouvernement gouverner, en se bornant, ça et là, à émettre quelques opinions. Il lui faut aider le pays à mettre en œuvre une politique dynamique qui contribue à régler les problèmes et non à les gommer.

Il doit faire seul parfois, car il est quelques décisions qui lui reviennent en propre, qu'il ne peut déléguer, pour lesquelles il peut interroger, consulter, écouter, mais qu'il doit être en mesure de prendre seul en dernière analyse, sans autres secours que ceux de sa conscience, de son intelligence, de sa préparation.

31. Premier ministre. Constitutionnellement, il dirige l'action du gouvernement, est responsable de la défense nationale, assure l'exécution des lois, et, sous réserve des pouvoirs dévolus au chef de l'État, il exerce le pouvoir réglementaire et nomme aux emplois civils et militaires.C'est dire à quel point son rôle est fondamental. Le poids du président de la République ne doit jamais faire oublier que le chef du gouvernement est, au mieux, son intermédiaire obligé, au pire, son rival au sein de l'exécutif.

Juridiquement, le président de la République n'a de pouvoirs propres qu'en nombre limité. Si, naturellement, son influence s'exerce bien au-delà de ce que la Constitution lui attribue, c'est dans la mesure (et dans la limite) de la subordination politique qu'il peut imposer au Premier ministre. Que cette subordination politique disparaisse (c'est le cas depuis mars 1986), et les pouvoirs du chef de l'État se réduisent brutalement, même s'ils restent importants. Que cette subordination dure, et le chef de l'État peut prendre les décisions qu'il souhaite, mais presque toujours à condition que le Premier ministre leur donne la force juridique.

Dans cette dernière hypothèse, le Premier ministre peut difficilement refuser de faire ce que le président attend de lui. Ou, plus exactement, il pourrait juridiquement refuser (les pouvoirs qu'il exerce sont les siens, et le président n'a pas le pouvoir de le révoquer), mais politiquement il ne le peut généralement pas.

Dans ces conditions, les deux seules assurances dont le président dispose quant à la subordination du Premier ministre résident d'une part dans la loyauté de ce dernier, d'autre part dans ceci que la majorité parlementaire est généralement plus fidèle au chef de l'État qu'à celui du gouvernement.

Potentiellement, ils sont rivaux en attributions tout d'abord, car il est bien normal que le chef du gouvernement s'estime apte à la plus grande autonomie. Rivaux en popularité ensuite, car leurs deux courbes sont présentées côte à côte sans pour autant évoluer toujours parallèlement. Et parfois même rivaux en intérêts, car le président de la République est naturellement conduit à voir dans son Premier ministre un successeur possible, tout comme ce dernier peut aspirer à l'etre.

Ainsi le Premier ministre a-t-il, par définition, une position délicate. Même dans l'ordre coutumier des choses, c'est-à-dire lorsqu'il est celui que le président a effectivement choisi sans qu'il lui soit plus ou moins imposé par les circonstances, il lui faut appliquer efficacement une politique dont il approuve les orientations sans, cependant, déterminer les grandes lignes.

32. Egalité. L'inégalité n'est qu'un autre nom de la différence. Mais l'une est rejetée quand l'autre est cultivée. En fait, pour mieux servir l'égalité, mieux en cerner le sens et préciser la portée, il faut un instant l'oublier pour lui préférer la notion d'indépendance. Ce qui est intolérable, en effet, n'est pas en soi l'inégalité.

C'est un lieu commun de rappeler qu'il n'est au pouvoir de personne d'imposer une stricte égalité d'intelligence, de force, de moyens, etc. Mais ce qu'aucun socialiste, en tout cas, ne saurait accepter, c'est l'idée que ces inégalités emportent dépendance, que celui qui est faible dépende de qui est fort, que celui qui est pauvre dépende de qui est riche, que celui, qui est inculte dépende de qui est cultivé. Il va de soi que ce qu'est dit pour des hommes vaut aussi pour les nations.

Aussi l'égalité trouve-t-elle sa traduction première en droit. Dans ce domaine, ce qu'un homme peut, un autre doit le pouvoir aussi, à charge pour chacun d'utiliser son droit au mieux de ce que lui suggèrent son désir, son intelligence, son intérêt.

L'égalité de droit, ainsi conçue, n'est pas une fin mais un point de départ. Préparée par l'abolition des privilèges dans la nuit du 4 août, proclamée par la Déclaration des droits quelques semaines plus tard, l'égalité des droits est chose faite en France depuis bientôt deux siècles. Encore faut-il remarquer que pendant près de cent ans on a sans complexe parlé de suffrage universel, alors que les femmes en étaient exclues, qu'on leur refusait le droit de vote. Curieuse "universalité" qui excluait ainsi la moitié de ses membres!

Auguste Comte l'avait senti, qui définissait l'égalité comme l'accessibilité de tous à l'inégalité.

Aujourd'hui, le problème est ailleurs. Nous reconnaissons, nous acceptons, que chacun puisse par des voies différentes, rechercher son propre épanouissement.Toutes acceptables des lors qu'elles ne nuisent à personneet s'exercent dans le cadre de nos lois.

Poursuivre au-delà du droit, au-delà de la formation, la quete de l'égalité,vouloir l'imposer quand chacun, par gypothèse, n'a de comptes à demander qu'à lui-meme sur ce qu'il a fait de sa vie, c'est faire du systeme politique une machine de nivellement,un pot -pourri d'aigreurs, un éteignoir d'ambitions.

33. République. À voir certains de nos voisins, de nos amis, on peut parfaitement vivre en monarchie. Les libertés y sont égales, la démocratie comparable et parfois même plus ancienne, et le peuple est le souverain réel. Si le pouvoir royal semble une survivance, elle a cela de bon qu'elle est garante d'un état d'esprit que les siècles ont forgé, que dans la reine ou bien le roi c'est un pays qui se reconnaît, et qu'il n'est

pas nécessaire de chercher ailleurs un symbole d'unité que la couronne

suffit à offrir.

La République et la démocratie sont nées ensemble, l'aune del'autre. C'est la démocratie qui inspirait, la République qui agissait. On situe naturellement cette naissance à la IIIe, car si les précédentes, malgré les tares dont certains veulent aujourd'hui les affubler, avaient failli dans leurs espoirs, la France le devait à la violence des réactions qu'elles avaient suscitées bien plus qu'à quelque manque de générosité, d'élévation, des révolutionnaires, ceux notamment qui ont enrichi le monde de cette merveille qu'est la Déclaration de 1789.

Lorsque, à la fin du siècle précédent, les pères fondateurs ont enraciné l'idée républicaine, ils ont, à cent ans de distance, répondu au souhait de Saint-Just : "Pour fonder la République, il faut la faire aimer".

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