Если душа родилась крылатой - Цветаева Марина Ивановна - Страница 48
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Pour crier plus fort que la seґparation —
Il y a peu, j’ai briseґ ma voix.
Ce livre, comme une bouteille a` la mer,
Je le jette dans le tourbillon des guerres;
Afin qu’il voyage, simplement, de la main
A la main, comme un cierge dans une fe te.
Vent, vent, mon fide`le teґmoin,
Va dire a` ceux que j’aime
Que chaque nuit, dans mes re ves,
Je fais le chemin — du Nord au Sud.
Il s’approchera sans bruit, furtivement —
Comme minuit dans une fore t impeґneґtrable.
Je sais: dans un vaste tablier,
Je vous apporterai une colombe.
Ainsi: je serai sur le seuil, — immobile!
Avec le poids du plomb — la honte. Mais,
L’oiseau dans le tablier sera a` l’eґtroit,
Et l’oiseau — s’envolera, de lui-me me!
Tu observes ma peґrissable fragiliteґ
Presque en silence. — Toi,
Tu es de pierre, — moi, je chante, —
Toi, tu es un monument, moi, je vole.
Je sais, au regard de l’eґterniteґ,
Le plus tendre mai n’est rien.
Je suis un oiseau, ne m’en veux pas, si
Je n’applique pas pour moi une loi si leґge`re.
Ne juge pas trop vite: le jugement
Terrestre est fragile! Et que la couleur
Des meґsanges ne soit pas obscurcie —
Par la blancheur des colombes.
D’ailleurs — fais ce qu’il te plat!
Car, si j’ai aimeґ tout le monde,
Il se peut qu’un jour sombre —
Je revienne a` moi, plus blanche que toi.
L’un est de pierre, l’autre d’argile, —
Toute d’argent, moi — je brille!
Mon affaire — trahir, mon nom — Marina,
Moi, — peґrissable eґcume de la mer.
L’un est d’argile, l’autre de chair —
Pour eux, tombes et pierres tombales…
Pour moi — la mer — et ses fonts baptismaux —
Et je suis, dans mon vol, — sans cesse briseґe!
Ma volonteґ passe au travers de tous
Les curs, au travers de tous les filets.
De moi — vois-tu ces me`ches folles? —
Personne ne tirera du sel de terre.
Je me brise contre vos genoux de granit,
Mais, avec chaque vague, — je ressuscite.
Salut a` l’oceґan — a` l’eґcume joyeuse —
La haute eґcume de la mer!
Un co teґ de la fene tre s’est ouvert.
Un co teґ de l’a me est apparu.
Ouvrons donc — aussi l’autre co teґ,
Et cet autre co teґ de la fene tre.
Chanson
Hier encore il me regardait dans les yeux,
Aujourd’hui — il louche pluto t de co teґ!
Hier encore il restait jusqu’au chant des oiseaux —
Aujourd’hui — toute alouette — corbeau!
Moi, la sottise, mais toi, l’intelligence,
La vie, et moi l’inertie.
Et ce cri des femmes de tous les temps:
«Qu’est-ce que je t’ai fait, mon amour?!»
Et les larmes pour elle — de l’eau et du sang —
De l’eau — dans le sang, dans les larmes elle se lave!
Pas une me`re, une mara tre — l’Amour:
N’attendez de lui ni justice ni pitieґ.
Les navires enle`vent les amants,
La route blanche les entrane…
Et ce geґmissement vaut pour toute la terre:
«Qu’est-ce que je t’ai fait, mon amour?!»
Hier encore — coucheґ a` mes pieds!
Il me comparait a` l’empire de Chine!
Soudain ses deux mains se sont eґcarteґes, —
Ma vie est tombeґe — comme un sou rouilleґ!
Comme une infanticide devant les juges
Je suis la` debout — mal aimeґe, sans deґfense.
Je te le dirais me me en enfer:
«Qu’est-ce que je t’ai fait, mon amour?!»
J’interroge la chaise, j’interroge le lit:
«Pour quoi, ce que j’endure, pour quoi cette
deґtresse?»
«Finis les baisers — vient la torture:
A d’autres les baisers», — reґpondent-ils.
A cette vie en plein feu, tu m’habitues,
Puis tu m’abandonnes — dans la steppe glaceґe!
Voila` ce que toi, mon amour, tu m’as fait!
Mon amour, a` toi — qu’est-ce que, moi, je t’ai fait?
Je sais tout — ne dis pas le contraire!
Lucide, a` nouveau — et deґja` plus ta matresse!
La` ou` l’Amour ce`de le terrain,
La` s’avance la Mort-Jardinier!
Seule — pourquoi secouer l’arbre! —
L’heure venue la pomme mu re tombera.
— Pour tout, pardonne-moi, mon amour —
Pour tout ce que je t’ai fait!
Ils sont partis — ils s’en sont alleґs —. Ils
Sont passeґs dans lе camp ou` tout se me le,
Dans le camp blanc des migrateurs,
Et des pigeons — et des cygnes —,
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