Если душа родилась крылатой - Цветаева Марина Ивановна - Страница 43
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Aujourd’hui les soldats! O Seigneur mon Dieu!
Tu es ma rivale, et je viendrai chez toi,
Un jour quelconque, une certaine nuit claire,
Quand les grenouilles hurleront dans l’eґtang,
Et que les femmes seront folles de pitieґ.
Je m’attendrirai sur le palpitement
De tes paupie`res et sur tes cils, jaloux,
Je te dirai: je n’existe pas vraiment,
Je ne suis qu’un re ve, dans ton sommeil.
Je te dirai: console-moi, console-moi.
Quelqu’un enfonce des clous dans mon cur!
Je te dirai, a` toi: le vent est frais,
Les eґtoiles — au-dessus des te tes — sont chaudes...
Aux juifs
Toi, buisson de roses ardentes, qui
Ne t’a pieґtineґ, qui ne t’a eґcraseґ!
Seul immuable laisseґ sur terre,
Apre`s lui, par le Christ.
Israёl! Ton deuxie`me re`gne
Approche. Vous nous avez payeґ
De votre sang toutes les oboles:
Heґros! Tratres! Prophe`tes, mercantiles!
En chacun de vous — me me s’il compte son or
Dans son baluchon, pre`s d’une chandelle —
Le Christ parle plus fort qu’en Marc,
Ou Matthieu, ou Jean, ou Luc.
D’un bout a` l’autre de la terre:
Crucifixion et descente de Croix...
Avec le dernier de tes fils, Israёl,
C’est le Christ que nous enterrons.
J’aimerais vivre avec Vous —
Dans une petite ville
Aux creґpuscules eґternels,
Aux eґternelles cloches —
Avec la sonnerie deґlicate
D’une horloge ancienne — les gouttes du temps —
Dans une petite auberge de campagne.
Et le soir, quelquefois, d’une mansarde ou l’autre —
Une flu te,
Et le flu tiste a` la fene tre.
Et de grandes tulipes aux fene tres.
Vous ne m’aimeriez, peut-e tre, me me pas.
Au milieu de la chambre — un poe le de faїence eґnorme,
Avec sur chacun des carreaux — une image:
Une rose — un cur — un bateau —
Et derrie`re l’unique fene tre:
La neige, la neige, la neige.
Vous seriez coucheґ — comme je vous aime: insouciant,
Indiffeґrent, paresseux.
De temps en temps, le brusque frottement
D’une allumette.
La cigarette s’allume, s’eґteint,
Et longtemps, longtemps, tremble a` son extreґmiteґ
Un court cylindre gris — la cendre.
Vous e tes trop paresseux pour la secouer.
Et toute la cigarette vole dans le feu.
Don Juan
1
A l’aube froide,
Sous le sixie`me bouleau,
Au coin, pre`s de l’eґglise,
Attendez, Don Juan!
Je vous le jure, sur mon fianceґ,
Heґlas, et sur ma vie,
On ne sait, dans mon pays,
Ou` s’embrasser!
Chez nous, pas de fontaine
Et les puits sont geleґs, —
Et les Saintes Vierges
Ont des yeux seґve`res.
Et pour que les belles
N’eґcoutent pas les vaines
Paroles, — nous avons
Un tre`s sonore carillon.
Je pourrais vivre ainsi,
Mais j’ai peur — de vieillir,
Et puis, mon beau, ce pays
Ne vous convient pas.
Dans un manteau d’ours,
Qui vous reconnatrait? —
Si ce n’eґtait les le`vres,
Vos le`vres, Don Juan!
2
Longtemps la tempe te, et les pleurs
De la neige. — A l’aube brumeuse,
On a coucheґ Don Juan
Dans un lit de neige.
Ni bruyantes fontaines,
Ni chaudes eґtoiles...
Sur la poitrine de Don Juan,
Une croix orthodoxe.
Afin que la nuit eґternelle
Soit plus claire — pour toi,
J’ai apporteґ un eґventail,
Noir, de Seґville....
Et pour que tu vois
De tes propres yeux, la beauteґ
Des femmes, — cette nuit
Je t’apporterai un cur.
Dormez en paix, maintenant!
De tre`s loin vous e tes venu,
Ici, chez moi. Votre liste
Est comple`te, Don Juan!
3
Apre`s tant de roses, de villes, de toasts —
Comment n’e tes-vous pas fatigueґ
De m’aimer? Vous — presque un squelette,
Moi — presque une ombre.
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