Если душа родилась крылатой - Цветаева Марина Ивановна - Страница 36
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Je ne discute pas.
Je ne dors pas.
Je n’ai de gou t ni
Pour le soleil, ni
Pour la lune, ni pour la mer,
Ni pour le bateau.
Je ne sens pas la chaleur entre ces murs,
Ni la fracheur du jardin.
Je n’attends pas le cadeau attendu,
Depuis longtemps deґsireґ.
Le matin ne me plat pas; ni
La marche rythmeґe du tramway.
Je ne vois pas le jour. J’oublie
La date. J’oublie le sie`cle.
La corde s’effiloche, semble-t-il,
Et moi, je ne suis qu’un petit funambule,
Et moi, ombre de l’ombre d’un autre.
Somnambule aux deux lunes sombres.
Grand-mere
L’ovale seґve`re et allongeґ,
La robe noire eґvaseґe... Jeune
Grand-me`re! De qui, les baisers
Sur vos le`vres arrogantes?
Les mains jouaient des valses
De Chopin, dans les salles du palais...
Les boucles en spirales
Entouraient le visage de glace.
Le regard sombre, tendu, exigeant,
Un regard sur la deґfensive.
De jeunes femmes n’ont pas ce regard-la`.
Jeune grand-me`re, qui e tes-vous?
Jeune polonaise de vingt ans! —
Combien de choses reґaliseґes
Avez-vous emporteґes et combien d’impossibles
Dans le gouffre inassouvi de la terre?
Le vent eґtait frais, le jour innocent,
Les eґtoiles noires venaient de s’eґteindre.
— Grand-me`re! — Cette violente reґvolte
Dans mon cur — est-ce de vous que je la tiens?
Je veux le demander au miroir:
Ou` donc tout n’est-il que brouillard,
Sommeil brumeux —
Ou` votre chemin,
Ou` votre refuge?
Je vois: les mats d’un bateau,
Et vous sur le pont... Vous —
Dans la fumeґe des trains... Des champs
Pris dans la plainte du soir.
Les champs le soir sous la roseґe,
Et au-dessus — des corbeaux...
— Je vous beґnis et vous laisse
Libre comme l’air.
— Il me plat que vous ne soyez pas fou de moi,
Il me plat de ne pas e tre folle de vous,
Et que jamais le lourd globe terrestre
Ne fuie au-dessous de nos pieds.
Il me plat de pouvoir e tre ridicule —
Troubleґe — et de ne pas jouer sur les mots,
Et de ne pas souffrir d’une faiblesse eґtouffante
Lorsque nos deux manches se frolent.
Il me plat aussi que devant moi
Tranquillement vous enlaciez une autre,
Et que vous ne me souhaitiez pas les feux
De l’enfer parce que moi j’en embrasse un autre.
Que vous ne prononciez pas mon nom, si tendre,
Vous, mon tendre ami, matin et soir — a` la leґge`re...
Que jamais, dans le silence de l eґglise,
On ne chante, par-dessus nos te tes: Alleґluia!
Je vous remercie de tout mon cur, et de mes mains
De tant m’aimer — sans le savoir vous-me me! —
Et pour la tranquilliteґ de mes nuits,
Pour la rareteґ des rencontres aux heures du soir,
Pour les promenades au clair de lune
Que nous n’avons pas faites, et pour le soleil,
Qui ne brille pas au-dessus de nous — et
Je vous remercie de ne pas e tre — heґlas! — fou de moi,
Et de ne pas e tre — heґlas! — folle de vous!
Le navire ne naviguera pas toujours
Et le chant du rossignol...
J’ai si souvent voulu vivre
Et si souvent — mourir!
Fatigueґe de la loterie, comme
Dans mon enfance, — je quitterai le jeu,
Heureuse de ne pas croire
Qu’il y a d’autres mondes.
Avec une grande tendresse — car,
Biento t, je vais tout laisser —
Je pense a` celui qui portera
Cette veste de loup,
A celui — qui se preґlassera sous ce plaid,
Avec cette fine canne a` te te de leґvrier,
A celui — qui portera mon bracelet
D’argent orneґ de turquoises...
A tous ces papiers, a` toutes ces fleurs
Que je ne peux pas — conserver...
Ma dernie`re rime — et toi,
Ma dernie`re nuit.
Je n’ai pas communieґ, je n’ai pas suivi la Loi.
Jusqu’a` la fin, et la messe dernie`re, je peґcherai —
Comme aujourd’hui je pe`che, comme hier j’ai peґcheґ,
Avec passion! De tous les sens que Dieu m’a donneґs!
Amis! Complices! Vous qui m’exhortez a` la flamme!
Vous, accuseґs comme moi! Vous deґlicats professeurs!
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