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Том 4. Письма 1820-1849 - Тютчев Федор Иванович - Страница 103


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Тютчевой Е. Л., 19 апреля 1847

134. Е. Л. ТЮТЧЕВОЙ 19 апреля 1847 г. Петербург

19 апреля 1847

Рукой Тютчева:

Любезнейшая маминька. Вы получите эти строки в горестный — несказанно грустный для нас день. Я хотел, чтобы вы наверное знали, что в этот день я весь с вами духом, мыслью и молитвою. Да подкрепит вас Господь Бог и утешит… Чрезвычайно тяжела для меня ваша горесть. Но… слов для этого нет.

Я надеюсь скоро с вами увидеться. Простите. Бог с вами. Целую ваши ручки. Ф. Тютчев

Рукой Эрн. Ф. Тютчевой:

Je veux aussi ajouter quelques mots à ceux de Théodore, chère maman, et vous dire combien je penserai plus particulièrement à vous le 23. Je prie Dieu qu’Il vous soutienne et qu’Il vous donne le courage de détourner vos pensées du triste objet qui les occupe si exclusivement. Nous espérons bien certainement nous revoir à la fin du mois prochain; les petits enfants se réjouissent beaucoup de cette perspective. Jean a eu aujourd’hui sa première dent!! Le cher petit se porte bien et promet de devenir bien gentil. Je me réjouis beaucoup de vous le présenter. Le cousin Constantin nous quittera mardi; il compte ne s’arrêter qu’un jour à Moscou. Mille grâces, chère maman, pour votre lettre russe que j’ai lue toute seule et très bien comprise.

Je vous baise tendrement les mains et je vous prie d’aimer votre bien affectueuse fille E. Tutcheff.

Перевод

Рукой Эрн. Ф. Тютчевой:

Я тоже хочу добавить несколько слов к письму Теодора, любезная маминька, и сказать, что я особенно буду думать о вас 23-го. Молю Бога о том, чтобы Он укрепил вас и дал мужество отойти мыслями от печального предмета, всецело занимающего вас. Мы очень надеемся увидеться с вами в конце следующего месяца, младшие дети заранее очень радуются этой встрече. У Ивана сегодня прорезался первый зуб!! Милый малыш благополучен и обещает быть очень славным. Я буду очень рада показать его вам. Кузен Константин уедет от нас во вторник, он предполагает остановиться в Москве всего на один день. Премного благодарна, любезная маминька, за ваше русское письмо, я читала его сама и все хорошо поняла.

Нежно целую ваши ручки и прошу любить вашу преданную дочь Э. Тютчеву.

Тютчевой Эрн. Ф., 19 июня/1 июля 1847

135. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 19 июня/1 июля 1847 г. Петербург

Ce jeudi. 19 juin/1 juillet 1847

Дача Строгановых

Casa Colobiano

Ma chatte chérie, j’ai reçu avant-hier votre lettre de Réval qui m’a fait grand plaisir, mais cela ne me suffit pas. J’ai besoin de vous savoir à Hapsal ayant déjà franchi les problématiques cent verstes de distance qui vous en séparaient. Je veux aussi connaître dans leur naïve sincérité les premières impressions que ce lieu de plaisance aura produit sur vous. Ainsi donc la physionomie allemande de Réval vous a donné à penser et il n’a pas fallu moins qu’une barbe de cocher russe pour vous rassurer.

L’excellente Princesse à qui j’ai fait part de cette impression en a ri, sans trop savoir, comment se l’expliquer.

Maintenant vous voilà depuis plusieurs jours à Hapsal, et il me tarde d’apprendre quels sont les souvenirs que cet endroit-là réveillera en vous…

Mais si je pense toujours à vous avec la même sollicitude, l’idée de vous savoir hors de ma portée, me met du calme dans l’esprit, et je suis tenté de vous appliquer le mot qu’une amie de madame de Staël a dit, en apprenant qu’elle venait d’accoucher d’une fille: «La pauvre petite, la voilà au moins tranquille maintenant».

Ici longue interruption. Déjeuner avec ses conséquences. Puis une visite de l’excellentissime Colombine dans la chambre d’Anna qui me quitte à l’instant pour aller à mon exemple vaguer aux soins de sa correspondance. Il est impossible d’être meilleur que cet excellente couple Colobiano, lui, le mari, tout à fait bon et distingué. Elle, la femme, toute à fait bonne et bonne. A mon retour de Péterhof j’ai trouvé Anna si bien installée chez eux, qu’elle ne songeait pas plus à entrer en ville, pas plus qu’eux ne voulaient entendre parler de la laisser partir.

Voilà de quoi rassurer la Capello sur les suites de ma tyranie paternelle. Non contents d’héberger Anna, ils se mirent en tête de m’y associer aussi et ils mirent tant d’insistance pour m’y faire consentir, qu’après leur avoir opposé une résistance convenable, je me décidais, dimanche dernier, à venir coucher sous leur toit, au sortir d’un grand bal qui s’est donné ce jour-là chez la Comt J Stroganoff et où nous avions été tous convives. Depuis je ne les ai plus quittés, dînant tous les jours et dînant très bien avec eux et passant mes soirées soit chez les Wiasemsky, soit ailleurs. Grâce au beau temps qu’il a fait ces jours-ci, les îles ont été un fort agréable séjour. Mais pour en jouir, comme il convient, il faut y être établi à demeure. Autrement ce n’est qu’une promenade qui devient bientôt fatiguante et monotone.

J’ai utilisé le voisinage pour renouer avec la Comt Julie et qui m’a chargé de mille choses aimables pour toi. Son bal, dimanche dernier, m’a fait passer en revue tout ce qu’il restait encore de monde aux îles. Hier grande soirée chez les Wiasemsky en l’honneur de Mad. Lazareff, née Biron, et de sa belle-sœur qui est née Mestchersky, la fille de Basile. Outre ces deux dames auxquelles je me suis fait présenter, mais sans leur parler, il y avait encore Mad. Toumansky, la docte Séniavine, avec sa fille accomplie, mais trop rouge, trop robuste, etc. etc. Quant à la maîtresse de la maison, elle était dans sa saute d’humeur bon enfant. La Valoueff, très décidée encore l’autre jour à l’endroit de Hapsal, n’en parlait plus hier soir qu’avec doute et hésitation. Mais je me noie dans les détails niais et oiseux, et je les raconte très mal pour m’y plaire. Les noms propres et les faits ne me réussissent guères, et je me sens trop fatigué, cœur et âme, pour parler d’autre chose. Le temps en est passé…

Aujourd’hui je dîne à 5 h chez le Ministre Ouvaroff qui n’a pas voulu me laisser partir sans avoir rempli une certaine promesse qu’il se souvenait de m’avoir faite depuis longtemps.

A propos de mon voyage, voici ce que j’ai de nouveau à t’apprendre. L’autre jour je suis mandé à la chancellerie, où l’on me propose de la part du Chancelier de me charger, outre une expédition pour Berlin, d’en porter une autre à Zürich. Mon premier mouvement a été de refuser par instinct de paresse, car la proposition était tout à fait acceptable, puisque l’expédition pour Z<ürich> défrayait mon voyage à Bade. Aussi, rentré chez moi, je me ravisais. Mais il aurait fallu faire des démarches… Cela m’ennuyait, je laissais tomber les choses. Heureusement j’ai rencontré hier le Chancelier à la promenade. Je lui ai parlé, j’acceptais, et maintenant me voilà en route pour Z<ürich>. Je passerai toujours par Weimar, et c’est là, ma chatte chérie, où je te prie de m’adresser tes lettres…

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