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Том 6. Письма 1860-1873 - Тютчев Федор Иванович - Страница 43


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Je campe toujours encore dans le grand salon. La cheminée est faite… et sur ce, je prie Dieu, etc. — Je t’écrirai dimanche prochain. Dieu vs garde.

Перевод

Петербург. Четверг. 28 июля

Если на моих письмах отражается настроение, в котором я нахожусь, когда их пишу, то я удивляюсь, как они могут вызывать в тех, кто их читает, иное чувство, кроме отвращения… Правда, пишу я их всегда по утрам, а в утренние часы меня особенно тяготит присутствие собственной персоны.

Я прибыл сюда в воскресенье вечером и узнал, что накануне мы едва-едва не погорели. Огонь вспыхнул около девяти часов утра в глубине двора, а пожарные насосы подоспели только в 10. Пламя обхватило три этажа.

Я мельком видел Дмитрия, который вновь обрел своего Пилада. По-моему, мальчик переживает сейчас счастливейшие минуты. Он признался мне, что очень скучал в деревне. — Сегодня ожидаю Китти, которая приедет повидаться с Муравьевыми, а вечером мы вместе вернемся в Царское. Не общества недостает мне тут, отнюдь нет. Меня рвут на части. Но все это какая-то суета, меня утомляющая и раздражающая, или, вернее, за всем этим нет ничего, кроме одного ощущения, одного впечатления, которое отравляет все и о котором… бессмысленно говорить…

Дарье, кажется, лучше. Несомненно одно — она находит удовольствие в обществе своей сестры и хотела бы удержать ее при себе. Давеча они пять часов подряд провели в саду. Даже обедали там.

В политике мы чудовищным образом оконфузились. Кое-кому взбрело в голову требовать конгресса, когда никто его уже не хочет. Милейший князь, несмотря на свою гордую независимость, не посмел противиться этой блажи, за которой, в сущности, скрывается нежная забота о бедных немецких родственниках. И нам воздали по заслугам: насмеялись над нами. В этой нашей глупейшей инициативе мы нашли лишь одного союзника — Португалию, — и то, я полагаю, тут расстаралась госпожа Мойра. — Словом, вид у нас жалкий. Мы как животное, застрявшее в своем развитии на том этапе, когда особь еще не вычленяет себя из стада.

Я узнал от Дмитрия, что до дня его отъезда ты не получила еще ни одного № «Journal de St-Pétersbourg», между тем как подписная плата взимается с 1 июля. Это безобразие.

В Царском я увиделся наконец с графиней Орловой-Давыдовой, приехавшей из Ниццы, и она много расспрашивала меня о вас. У нее по-прежнему вид человека не от мира сего, хотя в иной она переходить вовсе не собирается.

Я все еще обретаюсь в большой гостиной. Камин готов… а засим — Господи, помоги, и т. д. — Напишу тебе в будущее воскресенье. Да хранит вас Бог.

Тютчевой Эрн. Ф., 31 июля 1866

88. Эрн. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 31 июля 1866 г. Царское Село

Tsarskoïé-Sélo. 31 juillet

Ma chatte chérie, j’éprouve le besoin de t’écrire une lettre moins maussade que la dernière, bien que je suis sûr que tu n’y as pas pris garde, et que, p c, tu pouvais parfaitement bien te passer de cette réparation. Je me sens devenir de jour en jour plus insupportable, et la fatigue que j’éprouve à courir après tous les moyens de m’étourdir, pour masquer le grand vide qui est devant moi, n’ajoute pas peu à mon irritation habituelle. Dieu, qu’il y aurait de belles choses à dire là-dessus!

Hier je dînais chez Olympe Bariatinsky… La pauvre femme, si achevée dans sa nullité, ne se doutait guères de l’impression qu’elle produisait sur moi. Et tout l’entourage était à l’avenant. Ah quelles sottes gens! Elles donneraient de l’ironie à une huître. Il y avait là surtout un petit diplomate autrichien qui est le modèle du genre…

Les lions du jour, en ce moment, ce sont les Américains. Je vous renvoie pour les détails aux journaux, surtout à celui de St-Pétersbourg que vous ne recevez pas, bien que vous y soyez très positivement abonnées…

Je les verrai demain soir à Pavloffsk, et c’est même la raison qui a retardé ma rentrée en ville… Je suis très curieux de voir, comment sont faits les gens qui nous aiment… Cela me paraît plus curieux encore que leurs monitors que tout le monde court voir à Kronstadt, et que j’irai voir aussi peut-être dans le courant de la semaine prochaine, en allant à Péterhoff, où il me tarde d’apprendre par Gortchakoff, lui-même, tout le détail de la sottise qu’ils ont faite… Et c’est le cas de leur demander, à propos de sottise, quand finira-t-elle? Car toute leur manière d’agir ne saurait être qu’une sottise continue, grâce au point de départ complètement faux qu’ils ont adopté… Tout cela nécessite un renouvellement complet. Toute notre politique étrangère est comme la langue russe, parlée par ces messieurs, ce n’est que du français traduit… Il viendra un jour, j’espère, où l’on ne comprendra pas que de pareils types aient pu exister.

On ne sait rien encore quant à la date positive de la rentrée de la Cour à Tsarskoïé. Un voile religieux recouvre encore ces augustes mystères, mais on se permet de conjecturer que ce ne sera pas avant la moitié du mois… etc. etc.

J’ignore encore l’objet précis de la mission de Manteuffel, arrivé depuis trois jours, mais elle se laisse pressentir. S’il est vrai que Napoléon réclame les frontières de 1814, bien que ce soit le minimum de ce qu’il pourrait avoir à demander, cela ne laissera pas que de mettre le cabinet prussien dans un grand embarras, attendu qu’il y aurait autant d’inconvénients p lui de refuser que d’accorder… Toute la situation de l’Europe n’est qu’un piège. La crise ne fait que de commencer. Elle est loin encore de son apogée…

Depuis quelques jours il fait assez beau, et par un rayon de soleil un peu chaud et un ciel pur les jardins de Tsarskoïé, gracieux et grandioses, sont vraiment très beaux à voir. On s’y sent dans un élément plus choisi… J’aime aussi les soirées à Pavloffsk où de la bonne musique remplace un sot parlage — sans exclure la chance de quelques rencontres, comparativement intéressantes…

L’autre jour, en venant ici, — c’était jeudi, — j’ai cru avoir persuadé Dmitry de venir me rejoindre à Pavloffsk avec son ami. — Kitty, de son côté, s’est mise en quatre pour l’engager à venir la voir à Tsarskoïé. — Mais il paraît que l’ami n’a pas acquiescé à tous ces projets. Bref, ils n’ont pas laissé entamer leur fière indépendance… C’est prendre beaucoup trop de précautions contre une influence très peu envahissante… Rien d’absurde comme la jeunesse…

Je ne te parle plus de Daria. C’est une redite aussi fatiguante qu’inutile. Le fait est qu’à tout prendre elle est absolument dans le même état que celui où tu l’as vue, et qu’à présent, comme alors, le sentiment qu’elle vous inspire est mélangé de profonde pitié et d’une très vive impatience, car il est certain qu’il y a des moments où sous la pression de la maladie ce fond de personnalité extravagante, qui est en elle, s’étale avec un tel cynisme qu’il n’y a plus moyen de la supporter. La pitié fait place à un tout autre sentiment… Kitty s’acquitte de sa tâche avec beaucoup de résolution. Elle ne demande pas mieux que de jouer son rôle avec tout le soin et tout le zèle possible. Mais encore faut-il qu’il y ait au moins un spectateur dans la salle, et je suis, moi, ce spectateur unique… Je suis appelé à résoudre un problème moral très curieux: ce qui vaut mieux, d’un naturel qui se laisse aller à toutes ses pentes, ou d’une affectation contenue et aspirant au bien.

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