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Roméo Et Juliette - Шекспир Уильям - Страница 8


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ACTE II

PROLOGUE

Entre le chœur

Le Chœur

Maintenant, le vieil amour agonise sur son lit de mort,

Et une passion nouvelle aspire à son héritage.

Cette belle pour qui notre amant gémissait et voulait mourir,

Comparée à la tendre Juliette, a cessé d'être belle.

Maintenant Roméo est aimé de celle qu'il aime:

Et tous deux sont ensorcelés par le charme de leurs regards.

Mais il a besoin de conter ses peines à son ennemie supposée,

Et elle dérobe ce doux appât d'amour sur un hameçon dangereux.

Traité en ennemi, Roméo ne peut avoir un libre accès

Pour soupirer ces vœux que les amants se plaisent à prononcer

Et Juliette, tout aussi éprise, est plus impuissante encore

À se ménager une rencontre avec son amoureux.

Mais la passion leur donne la force, et le temps, l'occasion

De goûter ensemble d'ineffables joies dans d'ineffables transes.

Il sort.

SCÈNE PREMIÈRE

Une route aux abords du jardin de Capulet.
Roméo entre précipitamment.

Roméo, montrant le mur du jardin. – Puis-je aller plus loin, quand mon cœur est ici? En amère, masse terrestre, et retrouve ton centre. (Il escalade le muret disparaît.)

Entrent Benvolio et Mercutio.

Benvolio. – Roméo! mon cousin Roméo!

Mercutio. – Il a fait sagement. Sur ma vie, il s'est esquivé pour gagner son lit.

Benvolio. – Il a couru de ce côté et sauté par-dessus le mur de ce jardin. Appelle-le, bon Mercutio.

Mercutio. – Je ferai plus; je vais le conjurer Roméo! caprice! frénésie! passion! amour! apparais-nous sous la forme d'un soupir! Dis seulement un vers, et je suis satisfait! Crie seulement hélas! accouple seulement amour avec jour! Rien qu'un mot aimable pour ma commère Vénus! Rien qu'un sobriquet pour son fils, pour son aveugle héritier, le jeune Adam Cupid, celui qui visa si juste, quand le roi Cophetua s'éprit de la mendiante!… Il n'entend pas, il ne remue pas, il ne bouge pas. Il faut que ce babouin-là soit mort: évoquons-le. Roméo, je te conjure par les yeux brillants de Rosaline, par son front élevé et par sa lèvre écarlate, par son pied mignon, par sa jambe svelte, par sa cuisse frémissante, et par les domaines adjacents: apparais-nous sous ta propre forme!

Benvolio. – S'il t'entend, il se fâchera.

Mercutio. – Cela ne peut pas le fâcher; il se fâcherait avec raison, si je faisais surgir dans le cercle de sa maîtresse un démon d'une nature étrange que je laisserais en arrêt jusqu'à ce qu'elle l'eût désarmé par ses exorcismes. Cela serait une offense: mais j'agis en enchanteur loyal et honnête; et, au nom de sa maîtresse, c'est lui seul que je vais faire surgi

Benvolio. – Allons! il s'est enfoncé sous ces arbres pour y chercher une nuit assortie à son humeur. Son amour est aveugle, et n'est à sa place que dans les ténèbres.

Mercutio. – Si l'amour est aveugle, il ne peut pas frapper le but… Sans doute Roméo s'est assis au pied d'un pêcher, pour rêver qu'il le commet avec sa maîtresse. Bonne nuit, Roméo… Je vais trouver ma chère couchette; ce lit de camp est trop froid pour que j'y dorme. Eh bien, partons-nous?

Benvolio. – Oui, partons; car il est inutile de chercher ici qui ne veut pas se laisser trouver (Ils sortent.)

SCÈNE II

Le jardin de Capulet. Sous les fenêtres de l'appartement de Juliette.
Entre Roméo.

Roméo. – Il se rit des plaies, celui qui n'a jamais reçu de blessures! (Apercevant Juliette qui apparaît à une fenêtre.) Mais doucement! Quelle lumière jaillit par cette fenêtre? Voilà l'Orient, et Juliette est le soleil! Lève-toi, belle aurore, et tue la lune jalouse, qui déjà languit et pâlit de douleur parce que toi, sa prêtresse, tu es plus belle qu'elle-même! Ne sois plus sa prêtresse, puisqu'elle est jalouse de toi; sa livrée de vestale est maladive et blême, et les folles seules la portent: rejette-la!… Voilà ma dame! Oh! voilà mon amour! Oh! si elle pouvait le savoir!… Que dit-elle? Rien… Elle se tait… Mais non; son regard parle, et je veux lui répondre… Ce n'est pas à moi qu'elle s'adresse. Deux des plus belles étoiles du ciel, ayant affaire ailleurs, adjurent ses yeux de vouloir bien resplendir dans leur sphère jusqu'à ce qu'elles reviennent. Ah! si les étoiles se substituaient à ses yeux, en même temps que ses yeux aux étoiles, le seul éclat de ses joues ferait pâlir la clarté des astres, comme le grand jour, une lampe; et ses yeux, du haut du ciel, darderaient une telle lumière à travers les régions aériennes, que les oiseaux chanteraient, croyant que la nuit n'est plus. Voyez comme elle appuie sa joue sur sa main! Oh! que ne suis-je le gant de cette main! Je toucherais sa joue!

Juliette. – Hélas!

Roméo. – Elle parle! Oh! parle encore, ange resplendissant! Car tu rayonnes dans cette nuit, au-dessus de ma tête, comme le messager ailé du ciel, quand, aux yeux bouleversés des mortels qui se rejettent en amère pour le contempler, il devance les nuées paresseuses et vogue sur le sein des airs!

Juliette. – Ô Roméo! Roméo! pourquoi es-tu Roméo? Renie ton père et abdique ton nom; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus une Capulet.

Roméo, à part. – Dois-je l'écouter encore ou lui répondre?

Juliette. – Ton nom seul est mon ennemi. Tu n'es pas un Montague, tu es toi-même. Qu'est-ce qu'un Montague? Ce n'est ni une main, ni un pied, ni un bras, ni un visage, ni rien qui fasse partie d'un homme… Oh! sois quelque autre nom! Qu'y a-t-il dans un nom? Ce que nous appelons une rose embaumerait autant sous un autre nom. Ainsi, quand Roméo ne s'appellerait plus Roméo, il conserverait encore les chères perfections qu'il possède… Roméo, renonce à ton nom; et, à la place de ce nom qui ne fait pas partie de toi, prends-moi tout entière.

Roméo. – Je te prends au mot! Appelle-moi seulement ton amour et je reçois un nouveau baptême: désormais je ne suis plus Roméo.

Juliette. – Quel homme es-tu, toi qui, ainsi caché par la nuit, viens de te heurter à mon secret?

Roméo. – Je ne sais par quel nom t'indiquer qui je suis. Mon nom, sainte chérie, m'est odieux à moi-même, parce qu'il est pour toi un ennemi: si je l'avais écrit là, j'en déchirerais les lettres.

Juliette. – Mon oreille n'a pas encore aspiré cent paroles proférées par cette voix, et pourtant j'en reconnais le son. N'es-tu pas Roméo et un Montague?

Roméo. – Ni l'un ni l'autre, belle vierge, si tu détestes l'un et l'autre.

Juliette. – Comment es-tu venu ici, dis-moi? et dans quel but? Les murs du jardin sont hauts et difficiles à gravir. Considère qui tu es: ce lieu est ta mort, si quelqu'un de mes parents te trouve ici.

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